La digue
Sur la digue, le chemin fait cent mètres
tout droit, tourne à gauche à angle droit et
fait encore cent mètres. C'est, tout plat et en sable
blanc et dur. Dans le tournant, il y a le stand de ravitaillement
derrière lequel les grosses équipes ont planté
leurs tentes. Sur le chemin de la digue, on retrouve la civilisation
après un long tour couru bien souvent avec ses douleurs
pour seule compagnie. On y retrouve ses amis, des spectateurs
et les coureurs arrêtés. Car quand on s'arrête
c'est forcément près du ravitaillement et du
campement de l'équipe. C'est aussi l'endroit où
les coureurs ont la vue la plus complète sur le circuit.
J'y fais le point sur la position des amis qui sont devant
et sur ceux qui sont derrière. Tout au bout du chemin,
les grandes mares d'eau qui se forment à la première
pluie sont difficiles à éviter quand on arrive
sur les lieux en même temps que des promeneurs.
L'épingle
Un virage à angle droit à droite
suivi de la " descente " du circuit (au moins 8
m de long), un tournant en épingle qui ramène
au bord du bassin, puis un nouveau tournant pour revenir dans
l'axe du bassin. C'est le seul endroit du circuit où
l'on peut se sentir aller vite. Mais, attention à la
chute ! Notre grande Monique s'y est abîmée l'épaule.
Le tournant de l'épingle, souvent traversé par
un ruisseau, est boueux. Les quelques cailloux du chemin annoncent
ceux qui suivent.
Le chemin le long du bois
Le chemin longe le bois avant de s'y enfoncer.
Le passage libre est étroit en raison des basses branches
qui occupent largement le côté droit du chemin.
Des cailloux dépassent du sable dur pour faire trébucher
les coureurs épuisés. Plein de monde à
pied ou à vélo affectionnent l'endroit. Il est
donc difficile à franchir. De plus, de tout le circuit,
c'est là que le vent d'ouest souffle le plus fort dans
le nez des coureurs. On s'autorise juste un coup d'il
de l'autre coté du bassin pour essayer d'y deviner
la progression des amis.
La côte
La "côte", (au moins 6 m de
long et 2 m de dénivelé) est à l'entrée
du bois. Il faut la respecter. Pendant les premières
heures, les brutes dont j'étais aussi il y a quelques
années, franchissent l'obstacle sans ralentir. Mais
la "côte" a la rancune tenace. Elle use peu
à peu pour obliger les irrespectueux du matin à
marcher l'après-midi.
La forêt sombre
L'obstacle franchi, on entre dans la forêt
sombre. Il y fait toujours froid même par grand soleil.
Les cailloux du chemin sont remplacés par de la terre
noire et humide. Des pistes serpentent au milieu des arbres.
Là aussi, il est difficile de contourner les gens et
les troncs d'arbres. Le 28 mai 1999, la tornade s'est abattue
sur la course. Un des grands arbres de cette partie du bois
s'est couché sur le chemin. Dieu merci, aucun coureur
ne se trouvait là. Avec deux jeunes filles, je tentais
alors de me protéger
de la grêle à 50 m de cet endroit.
Le tournant de la chute
Un petit pont de bois enjambe un ru descendant
des hauteurs de la vallée. Ses planches de bois qui
ne connaissent pas le soleil sont couvertes d'une fine mousse
brune qui devient terriblement glissante dès qu'il
pleut. Il faut tourner sec à gauche à la sortie
du pont, si on commence le tournant sur les planches, au mieux
c'est le grand écart, au pire c'est le plat ventre.
La seule technique sûre est alors d'aller tourner plus
loin sur le chemin de Gif. Au premier tour, dans la grisaille
du petit matin, on a vu des gens rater le tournant et s'égarer
du côté de Gif.
La rizière et le tournant de la
boue
Le bois s'éclaircit. Le chemin se sépare
en plusieurs sentes serpentant dans les hautes herbes grasses.
Le sol est noir, humide et terreux. Attention, un chicot de
bois se cache au milieu de la piste de droite pour nous faire
chuter ! En sortant du bois, on prend à gauche, à
angle droit, le dernier tournant bien marqué avant
la ligne d'arrivée qu'on devine fugitivement, loin
là-bas sous l'arc de triomphe. Le chemin s'élargit
soudain et le sol redevient clair. Mais à la moindre
pluie, que de boue profonde ! Il faut aller chercher
le passage le moins glissant loin sur les bords.
La route de l'infini
Il reste quasiment un kilomètre
pour terminer le tour du bassin. Le chemin large et confortable
est bordé à droite par les grands peupliers
poussant le long de la rivière et à gauche par
le talus qui, après le pont du déversoir, domine
le bassin. Qu'il est long, qu'il est long ce chemin papa !
Heureusement le sol sans piège nous laisse tout le
loisir de regarder les amis qui courent en face le long du
bois. Des points de repère (lampadaires ou gros arbres)
permettent de surveiller l'allure de nos adversaires. Claude
est facile à repérer, c'est le gars à
la casquette blanche qui avance plus vite que tout le monde.
Tellement longtemps après
avoir entamé la route de l'infini qu'on en a oublié
le début et qu'on n'en imagine plus la fin, l'arc est
là tout près. On entend à nouveau les
mots d'encouragement de la sono de Patrick et on voit les
chiffres rouges de la pendule égrainant les innombrables
secondes du temps qui reste à courir.
La tribune du contrôleur qui enregistre tous les passages
est montée à côté de l'arc. Tel
le capitaine à la barre du navire, le contrôleur
domine le flot montant des coureurs qui s'écoule lentement
en battant les flancs de sa tribune. Cette année on
a affiché le classement toutes les deux heures environ.
Merci Nicolas. Encore un tour de couru, combien en reste-t-il
à faire d'ici ce soir ? 10, 20 30 ou 50 ?
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