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La chaleur commence à
être pesante sur tous les passages à découvert.
Je n'hésite pas à boire un peu plus et surtout
plus souvent. Parti dans la quatrième boucle avec un
litre, dont mon bidon de 50 cl et 2 petites bouteilles de
25 cl chacune, je crains de manquer de recharge. Aussi, je
complète mon alimentation avec un tube de gel. Est-ce
cela qui a détraqué mon appareil digestif ?
Je ne peux l'affirmer, mais en tous cas, je connais là
mes premiers problèmes intestinaux. J'éprouve
alors les mêmes symptômes et les mêmes difficultés
qu'Atomic JF le matin. L'allure s'en ressent très fortement
et je m'attends d'un moment à l'autre à être
rejoint, puis dépassé sans pouvoir m'accrocher.
Dès le retour en direction de Videlles,
je suis contraint à m'arrêter dans la nature.
Je repars vidé, avec cette sensation caractéristique
de mieux-être. J'estime être encore à environ
7 km de l'arrivée de cette boucle. Je veux garder des
forces pour la dernière côte et le long parcours
à découvert pour rejoindre Mondeville. A ce
moment, je suis envahi
par mes souvenirs de l'an dernier : ce n'est pas une côte,
mais deux, qu'il faut encore gravir. Je les monte en marchant.
Arrivé sur le plateau, j'aperçois la tour hertzienne.
Je me motive tout seul : " Allez, tu vas y arriver. La
dernière boucle ne fait que 13,5 kilomètres.
"
Les avions
Je suis davantage à la peine, mais je
sais que je vais y arriver. Les encouragements du public,
et surtout ceux de Frédérique, Odile et Marc
me vont droit au cur. J'entre dans la salle des fêtes
revêtu de mon costume de trailer pour l'avant dernière
fois. Marc est aux petits soins pour moi : il recharge mon
bidon et m'apporte deux verres de bière qui me font
le plus grand bien. Il m'annonce aussi qu'il va m'accompagner
sur la dernière boucle. Frédérique et
Odile accompagneront Jean-François.
Nous voilà donc partis tous les deux
pour la cinquième et dernière boucle balisée
au sol en orange fluo. Nous croisons et saluons d'une tape
d'encouragement Atomic JF qui en termine avec la quatrième
boucle. Traversée de Mondeville sous les applaudissements
et entrée dans le bois du fameux Cul d'Enfer. Nous
discutons, Marc et moi, de sujets divers et variés
comme la cueillette des girolles qu'il a faite avec Odile
le week-end précédent lors du raid Bombis. Nous
nous rendons compte, heureusement assez rapidement, que nous
faisons fausse route avant même de monter le "
Cul ". A l'entrée de la plaine, il n'y a plus
de rubalise, mais seulement une flèche au sol dans
le sens inverse du nôtre. Marc m'invite à ne
pas bouger pour m'économiser des pas et retourne en
arrière pour vérifier. Il ne tarde pas à
me héler pour que je revienne avec lui sur la bonne
trajectoire. Cet épisode nous a coûté
environ trois minutes et une centaine de mètres supplémentaires.
Nous
apercevons une patrouille aérienne rétro survoler
la vallée. Rien de surprenant, nous sommes tout près
de Cerny. Là haut dans le ciel, ils profitent aussi
de cette belle journée d'arrière saison.
Objectif : moins de 10 heures
J'indique à Marc qu'à la sortie
de Baulne, il y a une côte redoutable. Je songe déjà
que je ne pourrai pas faire mieux que la monter en marchant.
Marc me recommande de boire régulièrement. Nous
arrivons effectivement dans la côte de la Justice, sablonneuse
à souhaits comme d'autres précédemment.
Les choses se passent comme je les avais envisagées
: premiers mètres en trottinant et tout le reste en
marchant. Un coureur placé devant, qui alternait déjà
marche et course avant cette difficulté, doit procéder
pareillement. L'écart entre nous paraît se stabiliser.
Au retour par le haut du Bois de Baulne, Marc
est devant, mais en homme expérimenté, il sait
donner le bon tempo, c'est-à-dire le mien, et pas le
sien. Cependant, chaque fois que l'espace le permet, je me
place à sa hauteur pour discuter. Le temps passe plus
vite et le moral cède moins à la gamberge. Derrière
nous, personne en vue. Devant, deux coureurs isolés,
dont la première féminine, me dit Marc. Je n'en
sais encore rien, mais elle s'est trompée dans son
parcours gagnant plusieurs kilomètres. Bien sûr,
elle l'annoncera aux organisateurs dès qu'elle s'en
apercevra, peu après son arrivée. Je suis dons
surpris car je me souviens avoir entendu que la première
féminine était derrière moi lors du troisième
passage. Je n'ai vu aucune femme me doubler depuis. De toute
façon, cela n'a pas grande importance, car mon objectif
n'est pas de battre une ou plusieurs féminines, mais
de terminer en moins de 10 heures.
Finish "à bloc" d'Atomic
JF
Nous dépassons successivement le coureur
et la dame. Eux aussi sont à la peine. Elle nous déclare
son soulagement à la vue de la tour hertzienne qui
annonce quasiment la fin de la course. Il reste encore près
de 3 kilomètres. A l'amorce de la dernière descente,
je sens que mon principal objectif peut être atteint.
Marc en rajoute en me disant que je figurerai dans le "
top ten ". Arrivés au croisement de la route de
la Ferté Alais à Mondeville, le signaleur nous
indique qu'il ne reste plus qu'un kilomètre. C'est
tout bon, mais il faut affronter une nouvelle montée,
la der des der. Nous l'attaquons en courant et nous la terminons
en marchant. Mais en haut de la côte, ce n'est pas encore
l'arrivée. L'écho de la sono nous laisse penser
qu'elle n'est plus très loin. Plus loin en tout cas
que ne l'a indiqué le signaleur.
Mon autre objectif secret consistait à
arriver avant le premier relayeur. C'est chose faite lorsque
je passe sous le chrono qui affiche 9h51'54''. Je finis, épuisé,
à la 7e place, pleinement satisfait de ma course. J'ai
bien préparé ce trail et cela m'a réussi.
Atomic JF arrive 7 minutes après et termine 9e. Quelle
belle remontée il a faite dans la dernière boucle
(à 14 km/h m'ont confié Frédérique
et Odile qui n'ont pas pu le suivre) !
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