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Transe Gaule 2002 (étapes 0 à 3)
Etapes de Bretagne : droit de passage
(mis en ligne le samedi 31 août 2002, dernière mise à jour le lundi 23 septembre 2002)
De J-3 à la troisième étape, Annick LE MOIGNIC, arrive aux frontières de la Bretagne. De Roscoff, on ne se souvient plus lorsqu'on arrive à Guer, après 210 km d'un tracé très casse pattes et les étapes jugées les plus difficiles. Annick s'était dit que la Transe Gaule commencerait après cette région mais non. La course commence bel et bien le premier jour, avec son cortège de bobos, de surprises et de petites joies.

Sur Ultrafondus
La présentation détaillée de l'épreuve, du parcours, et des concurrents.

En savoir plus
La Transe Gaule 2002 sur Yanoo.net, le site de la course à pied en Bretagne.

Dimanche 25 août 2002 : Quelques jours avant le départ, message d'Annick

"A J-3, j'ai plutôt les intestins noués. Je me rêvais en super grande forme, mais c'est pas tout-à-fait ça. ET CA M'EXASPERE. Moi qui ais un sommeil qu'on m'envie, me voilà réveillée de multiples fois, n'attendant même pas la sonnerie du réveil pour être debout. Et puis côté digestif (mon point sensible), c'est pas top. Stress ? Un peu, c'est bien, mais franchement là j'en fais trop.

"Je suis dans les derniers préparatifs, une liste incompressible de choses à ne pas oublier, un sac béant qui attend qu'on (enfin que je) veuille bien mettre de l'ordre, un stock de nourriture entassé dans un bac de rangement, une trousse à pharmacie à compléter, etc...comme un départ en vacances, enfin presque...un rêve en tout cas dont j'ai encore du mal à imaginer le déroulement.

"J'ai commencé à reporter cet après-midi sur les cartes, à l'aide du road-book, le parcours concocté par Jean-Benoît Jaouen. Je me mets dans la tête qu'il va falloir y aller tout doux, que je vais passer mes journées sur les routes... Ne pas brûler les étapes, profiter des contrées traversées, une France à découvrir et d'abord une Bretagne... Evidemment, la Bretagne, c'est aussi pour moi une partie de la famille, enfin celle de mon mari, et on m'a promis qu'à Pontivy, il y aurait de la visite. Je me demande comment ça va se passer aussi, ce moment-là.

"Enfin, bref, je suis tournée vers la Transe Gaule, les pensées accaparées, et pour ce qui s'est passé avant, c'est déjà du passé.

Kilomètres et stretching

"Pour la préparation, j'ai essayé de faire au mieux (enfin je crois) avec les contraintes du boulot et les autres. C'est surtout depuis mars-avril que j'ai entamé la vraie préparation. De toute façon, cet hiver, j'étais trop mal, de décembre à mars, j'avais la tête qui voulait courir mais le corps ne répondait pas. L'année 2001 avait été pour moi bien plus chargée qu'à l'ordinaire, et à 2 reprises j'ai enchaîné des grosses épreuves à une ou deux semaines d'intervalle. Je l'ai peut-être un peu payé. Phénomène associé à des soucis pesants du moment, ça ne passait plus... Trois mois de doute sérieux, et toujours pourtant la Transe Gaule en arrière-plan comme objectif 2002. Et puis c'est reparti après un repos réparateur et, heureuse coïncidence, un encouragement d'une copine coureuse qui vous redonne la "patate".

"Question kilométrage, j'ai tenu une moyenne hebdomadaire de 100 à 150 km, à raison d'1 ou 2 sorties par jour, et environ 4 sorties à jeun d'1h à 1h30. C'était vraiment le meilleur moment des entraînements. On est léger et quand à 6h du matin, les petits lapins gambadent devant vous, le bonheur est total. Difficile de faire plus, cause temps. J'ai complété cette préparation physique par deux séances de stretching. C''est pas du luxe : on reconnaît facilement les coureurs dans les cours pour leur manque d'élasticité !

Quelques craintes et un grand désir de bonheur

"Pour les soins divers, les pieds ont eu droit à leur régal quotidien sous forme de crème NOK. Et depuis début juillet, deux séances de massage par semaine, suite à une proposition émanant d'une personne qui souhaitait simplement me rendre service. Elle est pas belle, la vie ?

"Et puis, je n'ai pas compté les kilos de féculents avalés pendant tout ce temps, mais ça doit commencer à faire lourd.

"Ce que j'aime dans la préparation, c'est tout l'investissement qu'on y met, en temps, en pensée, en coeur. Je me rends compte aussi qu'on donne du rêve à notre entourage, et c'est merveilleux.

"Des craintes ? Oui, bien entendu. Pas envie de douter, pas envie d'être malade, d'avoir les boyaux qui se tordent... De toute façon ça se gèrera au quotidien. Envie d'avoir toujours envie d'avancer.

"Je n'ai que des envie de bonheur, même sous la pluie, même dans le vent, en regardant tout autour, en partageant avec les "géants" (moi, je suis la naine comparé au parcours de tous ces transe gaulois) qui sont venus s'inscrire à la Transe Gaule. Une aventure humaine aussi, avec mes accompagnateurs qui vont découvrir le monde de l'ultra. Une vraie révélation pour tous."


Mercredi 28 août 2002 : Etape 1 - Roscoff-Huelgoat, 57 km

La chaleur a surpris tout le monde. Annick boucle cependant assez confortablement cette étape de 57 km en 6h31. Les premières sensations sont bonnes et rassurent : " Tout le monde se met en jambes... J'avais un peu peur pour mon estomac mais ça c'est bien passé. J'ai fait attention à manger par petites quantités et j'ai demandé à mes accompagnateurs d'être prêt tous les 5 km environ. A mi étape, j'ai mangé un peu de gâteau de riz, mais toujours en petite quantité. A la fin, j'avais envie de soupe et de salé. "

La course pour les autres concurrents

Vers 17 heures, 22 concurrents sur 26 étaient arrivés à Huelgoat, après une chaude journée. La première femme, Stephanie EHRET, arrive en 6h15, un quart d'heure avant Annick. Chez les hommes, c'est l'Allemand Rainer Wilfried KOCH, benjamin de la course (21 ans) qui l'emporte avec un temps avoisinant les 4h50.
Il se trouve à quelques minutes devant Serge GIRARD qui, n'en déplaise aux mauvaises langues (sic), s'est mis au même régime que les autres avec une voiture et un suiveur. "Je ne l'avais jamais vu courir, souligne Jean-Benoît Jaouen, co-organisateur de la course. Il a terminé dans un bon état de fraîcheur."
La chaleur aujourd'hui a nécessité de nombreux va et vient pour approvisionner les coureurs en liquide : "Un Intermarché nous a fourni des pack d'eau à volonté." Un gros coup de pouce, que les organisateurs n'ont évidemment pas refusé.

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Sur UFO : Transe Gaule | Le parcours | Participants
Sur Yanoo.net : Résultats de la première étape

Ces ravitaillements "aux petits oignons" sont assurés par Nicole et Jean-Didier, recrutés par petite annonce. "J'ai rencontrée Nicole pour lui expliquer comment se passerait cette Transe Gaule et quel serait son rôle. Elle était très motivée. Tout s'est plutôt bien passé aujourd'hui." Nicole et son compagnon suivront Annick pendant toute la durée de la course.

Désormais rassurée sur les calages logistiques, Annick l'est également sur ses capacités physiques. Malgré tout, l'étape de demain, la plus longue de la Transe, et celle d'après-demain, la deuxième plus longue (!), devraient constituer des caps psychologiques importants. "De toute façon, il était temps que ça démarre. En courant, on élimine le stress..."

Et pour éliminer le stress, rien de tel que quelques papotages avec les autres concurrents, dans le gymnase hier soir et un peu sur la route, avec une concurrente hollandaise. "L'ambiance est très solidaire." Rien de tel non plus qu'une bonne organisation. Nous reviendrons prochainement sur les prouesses que les quatre bénévoles réalisent chaque jour.


Jeudi 29 août 2002 : Etape 2 - Le Huelgoat-Pontivy, 78 km

Avec 78 kilomètres, l'étape d'aujourd'hui reliant Huelgoat et Pontivy était la plus longue de la Transe Gaule. Et la plus difficile. Annick a moins souffert de la chaleur mais un peu plus du tracé : "Les anciens nous ont dit que les étapes de montagne seraient moins difficiles. Aujourd'hui, il y avait beaucoup d'enchaînements de montées et de descentes." Typique de l'intérieur des terres bretonnes. "Puis nous avons eu 18 kilomètres sur une nationale, avec beaucoup de circulation, des camions..." Et enfin, les petites routes. "Ça va paraître ridicule mais on a passé les 100 km aujourd'hui. Les organisateurs l'ont marqué et Jean-Didier mon suiveur m'a fait la bise pour fêter ça."

Soin des pieds

Ce soir, Annick avait un peu de glace sur la cheville. Rien de bien inquiétant, juste un peu trop de frottements au niveau du coup de pied. "Les anciens m'ont recommandé de couper la languette de quelques centimètres, et même les chaussettes." Avec le nombre de foulées, chaque frottement devient un problème, et chaque petit problème peut devenir une catastrophe. Une bande achève de protéger le pied d'Annick, mais ça, c'est un truc à elle : "J'ai un endroit sensible au pied qui est sujet aux ampoules. Je l'entoure d'élastoplaste et ça passe tout seul."

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Sur UFO : Transe Gaule | Le parcours | Participants
Sur Yanoo.net : Résultats complets de la deuxième étape

De fait, la journée d'Annick a été marquée par une foule de petites surprises. Après le réveil en sursaut et le départ presque "une chaussure à la main", Nicole et Jean-Didier se sont avérés beaucoup plus réguliers qu'hier, sachant trouver les petits encouragements qui conviennent, tendre la bouteille d'eau au bon moment et anticiper. Jusqu'aux biscuits bretons, de rigueur : "Je n'avais jamais essayé en course mais j'en avais envie, alors..." Plus tard dans la journée, un coureur ne faisant pas partie de la course croise Annick plusieurs fois, puis la reconnaît finalement : "J'avais couru avec lui en Jordanie, il a terminé avec moi." Excellent pour le moral. D'ailleurs, la famille était là pour l'accueillir à Pontivy, puisqu'Annick est la régionale de l'étape "par alliance".

Malgré tout, pas question d'oublier la course. Il ne règne pas vraiment d'esprit de compétition entre les quatre femmes qui savent néanmoins se jauger l'une l'autre. Jusqu'au marathon, Annick se trouve devant Stephanie Ehret et ça l'inquiète : "Elle est meilleure que moi, elle a une meilleure foulée, il faut qu'elle soit devant moi ! Je vais trop vite !" Au 45e, tout rentre dans l'ordre et après une petite causette, l'Américaine prend le large.

"Demain, je pense que ça va être dur. On nous a dit que ça allait être plat mais je crains surtout la chaleur." Pour éviter crampes et déshydratation, un ancien de la TG - qui ne court pas cette année - lui avait conseillé de boire une bouteille de Vichy Saint-Yorre par jour. Conseil qu'elle suit à la lettre à partir de chaque mi-étape environ. Cela dit, pas trop d'inquiétude, et la confiance reste intacte : "C'est en gardant le moral que les choses se passent bien."


Vendredi 30 août 2002 : Etape 3 - Pontivy-Guer, 75 km

Le corps commence à travailler. Sur la route qui a mené les transe-gaulois(es) vers Guer, la dernière étape de Bretagne, il a fait... chaud. Et les organismes commencent à souffrir après les deux jours les plus longs. Ces premières étapes semblent dessinées comme des tests de résistance et de prudence. Deux coureurs, Bernard Roy et Jean-Bernard Paillissier, ont dû abandonner, par manque de l'un ou de l'autre. Peut-être aussi un défaut de préparation, mais certainement une grosse déception d'arrêter si tôt la grande aventure.

Deux abandons aujourd'hui

Les abandons sont malheureusement inévitables dans ce genre de course. Aujourd'hui, Bernard ROY et Jean-Bernard PAILLISSIER ont dû s'arrêter. Le premier avait déjà arrêté l'an dernier à cause d'une entorse. Il finit là sur une fracture de fatigue, réconforté par des organisateurs pleins d'empathie pour leurs protégés. Quant à Jean-Bernard Paillissier, "il est parti un peu vite dès la première étape, estime Jean-Benoît Jaouen. Il a stoppé aujourd'hui après trois kilomètres." En queue de peloton, le vétéran américain Don WINKLEY souffre mais dispose d'un réservoir d'astuces impressionnant, comme ce rituel de marche à reculons sur quelques dizaines de mètres à chaque étape. Et à l'avant, le rythme continue d'être soutenu. Mais on vous en dira plus sur les premiers dans quelques jours.

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Sur UFO : Transe Gaule | Le parcours | Participants
Sur Yanoo.net : Les résultats de la troisième étape

Classement après 3 jours (source Yanoo.net)
Classt Nom Temps cumulé Moy (km/h)
1 Rainer Koch
18h13'44''
11.52
2 Bernard Grojean
18h15'48''
11.50
3 Peter Backwin
19h04'31''
11.01
4 Jean-Claude Le Gargasson
19h36'31''
10.71
5 Serge GIrard
19h41'10''
10.67
6 Philippe Favreau
20h13'47''
10.38
7 Trond Sjaavik
20h54'51''
10.04
8 Philippe Dieumegard
21h09'20''
9.93
9 Hervé Goarant
21h09'20''
9.93
10 Luc Dumont
21h11'04''
9.91
11 Guus Smitt
22h11'09''
9.47
12 Karlheinz Kobus
22h52'02''
9.18
13 Jan Ondrus
23h27'54''
8.95
14 Jacques Martin
23h47'04''
8.83
15 Eric Kréa
23h48'12''
8.82
16 Ria Buiten
24h34'28''
8.55
17 Daniel Muller
24h49'33''
8.46
18 Stephanie Ehret
25h01'55''
8.39
19 Jean-Claude Reant
25h30'31''
8.23
20 Annick Le Moignic
27h44'17''
7.57
21 Rémy Normand
29h03'42''
7.23
22 Don Winkley
29h29'40''
7.12
23 Marianne Blangy
34h23'32''
6.11
24 Philippe Grizard
34h23'32''
5.99
abandon Jean-Bernard Paillissier
3 étapes
abandon Bernard Roy
3 étapes

"Aujourd'hui, c'était dur, car on a enchaîné une deuxième étape longue, explique Annick. J'ai marché un peu sur la fin alors que je m'étais promis de ne pas le faire." La prudence reste le maître mot de notre Normande, même si elle accumule quelques petits soucis : mauvaise nuit, quelques problèmes intestinaux ("Je m'y attendais..."), et les chevilles toujours sous la glace dès la ligne d'arrivée passée. "Je crois que sur ce point, ça devrait s'arranger en deux à trois jours. Cette douleur de cheville [au niveau du coup de pied, ndlr], c'est un peu la maladie du Transe Gaulois."

Annick a bien préparé sa Transe Gaule et aborde ces pépins sans être vraiment surprise : "Je m'attendais à souffrir, même si ce n'est jamais agréable. Mais de toute façon, je ne suis pas une coureuse rapide et je sais que les journées vont être longues." Longues comme ces presque 11 heures passées sur le bitume aujourd'hui. Et ces chevilles qui se réveillent dès le 20e kilomètre.

Heureusement, devinez quoi ? Nicole et Jean-Didier, toujours discrets multiplient les petites idées qui changent tout : "Aujourd'hui, ils m'ont fait un truc super. Je leur avais suggéré de faire un vrai repas à midi. Ils l'ont fait mais ils m'ont surtout installé une petite table à l'ombre, avec la polaire toute prête, une chaise. J'étais une vraie princesse !" Un peu plus tard dans la journée, ils iront aider Rémy Normand, un peu en difficulté. C'est bête à dire, mais c'est aussi cela, la Transe Gaule.

Ce soir, la priorité c'est le sommeil. Si les premiers peuvent commencer la sieste dès le début de l'après-midi, les autres finissent la journée en courant. Malgré tout, Annick commence à faire le plein d'images, comme ce silot à grain, près de Pontivy, qu'elle connaît si bien : "Je l'ai vu ce matin, cette cathédrale de béton dans la brume et ça m'a fait sourire."

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